Voici le compte-rendu de Christophe Ameline sur sa participation au Tri-Breizh 2011

« Ami triathlète,

Arrivée aux alentours de 7h15 sur le site de Commana, je me gare sur le parking à côté des camping-cars et autres vans dans un silence matinal et glacial. Aux inscriptions qui viennent juste d’ouvrir, je croise Thierry avec une mine des petits matins difficiles : il m’apprend qu’il a dormi sous le barnum. Les organisateurs essaient de cacher leur déception à cause des conditions climatiques et essaient de positiver en affirmant que ça va se lever rapidement … La pluie et le vent nous accompagneront tout au long de l’épreuve. La pluie ne me motive pas pour aller faire un petit échauffement, je me dis donc que je vais avoir du temps pour me préparer tranquillement au chaud dans mon camion, en attendant que tout le monde arrive ou se lève. Finalement, Stéphane et Gael finissent par se lever : Gael sans grande motivation encore dans son sac de couchage par la fenêtre de son camion et Stéphane déjà aux taquets. Florent et Laurence sont également là et nous disent qu’ils nous supporteront au moins pour le départ. Merci aux encouragements des quelques spectateurs courageux qui seront présent pendant l’épreuve car c’est en partie grâce à eux qu’on trouve la force de continuer.

Après une longue période d’attente dans le froid et après avoir appris la chute de Rabia la veille, le départ va être donné comme une délivrance (déconnection des neurones) pour enfin pouvoir pratiquer le sport que nous affectionnons et pour lequel nous faisons tant de sacrifices. Les premiers hectomètres dans l’eau se font dans la lutte comme à l’accoutumée, je prends quelques coups mais garde le rythme. A la première boucle, je trouve que pour une fois je suis encore dans le paquet (des retardaires J). Dans l’eau, on a l’impression que le ciel s’éclaircit et que sans doute il va finir par faire beau. Mais la sortie de l’eau va très vite nous ramener à la réalité : il fait un temps pourri et bouchonné. Dans le parc vélo, je trouve tout plein de personne du Lannion Tri, le plus étonnant étant Jéjé que je ne croise jamais (seulement à ses débuts il y a 3 ans). Je suis un peu dans l’incompréhension car je sais que ce n’est pas moi qui ai fait une nage exceptionnelle. La transition est longue car on prend plus de temps à bien s’essuyer pour pouvoir mettre des vêtements plus chaud. Cette année, j’aurais mis 4 minutes de plus en transition par rapport aux autres années.

Sur le vélo, les choses sont rendues plus difficiles avec le vent et la pluie. Difficile de trouver un tempo et mes pieds me font mal à cause d’une crispation qui m’empêche de pédaler en souplesse. La super descente de Roc Trédudon que beaucoup affectionne normalement (n’est ce pas Armand) est la partie la plus dure cette année, car on arrive péniblement à atteindre les 25 km/h et toujours en prise. A la fameuse épingle qui nous fait remonter, le vent est pour une fois un allié, la montée se fait plus rapidement et j’arrive à monter sur la plaque. Je reprends du monde : Anne, Corinne, et le moral revient doucement. Un peu plus loin, je double Christophe Proust qui m’apprend que Jérôme est à 50 m devant, grand étonnement une fois encore. Je suis très attristé en le dépassant car j’imagine que sa motivation doit être très émoussée avec les derniers évènements et les conditions climatiques. Il me dit qu’il flippe avec la pluie et le vent car il porte des lunettes, et qu’il va arrêter à la fin de cette boucle. Je lui conseille de faire ce qu’il pense être le mieux pour lui et qu’il n’est pas très utile de faire une course à contre cœur et de prendre des risques, car le capital motivation pour ses prochaines échéances peut être atteint. Je roule pendant quelques temps avec Sandrine Scoarnec qui a toujours la pêche, à l’amorce de la dernière descente je me fais plaisir pour faire le trou. Au début du second tour vélo, je passe Olivier, Francois et Fred. Sandrine me repasse devant facilement et elle finira la course devant moi. Dans la cote vers Roc, je me mets à chanter « Sous le soleil de Mexico … » pour positiver mais les rafales dans la cote et la pluie cinglante vont très vite me faire déchanter : 12 km/h au compteur. Sur la fin du vélo, les personnes que je rencontre sont très atteintes également par les conditions et se demandent ce qu’ils font là. Personnellement, j’ai conscience que je vais finir le vélo dans la douleur mais j’ai surtout de grosses interrogations sur la partie à pied à venir. Pour cette épreuve, je porte pour la première fois des manchons de compression (Sigvaries) à la base pour me protéger du froid principalement (quitte à mettre quelques choses sur les jambes autant que ça soient bénéfiques pour l’élimination des toxines. J’ai l’impression que celles-ci s’avèrent efficaces pour les mollets et les genoux, mais un peu moins pour le haut des cuisses qui me brulent avec le lactique en surabondance. A la descente du vélo devant l’arbitre (Andrée Vidil) je lui dis de se ranger car il est possible que je me vautre vu que je sens les crampes arriver. Elle me dit que ça ne la dérangerait pas que je tombe sur elle, mine de rien ça me fait rire et ça fait du bien dans ces moments de douleur.

Une fois encore, je prends mon temps dans la transition (trop finalement). Olivier qui m’avait repris en vélo, est présent dans le parc, on tape la discute et on fait le point sur les ressources de chacun. Tous les deux semblons être dans le même état, on risque donc de se voir pas mal sur le parcours à pied. En prenant le départ à pied, je croise Jérôme, avec une meilleure mine, et Karl, tout hilare, avec une bière chacun. Le premier tour ne se passe pas si mal que ça, malgré la pluie et surtout les bourrasques de vent. Au second tour, j’ai de bonnes sensations et passe David qui me bluffe en me disant qu’il est à son troisième tour. Petites remarques, je regrette que les organisateurs aient supprimé les lacets pour identifier le nombre de tours et pour deux raisons : la première car c’est toujours plus sympa de savoir si on reprend quelqu’un ou si on perd une place, la seconde raison est que par les années passées les filles qui te filaient les lacets avaient beaucoup plus de charme que le tapis détecteur … Le troisième tour est plus laborieux, je savais que je n’avais pas les jambes pour un semi, car depuis le début de l’année je n’ai fait qu’une sortie longue d’1h15. Je cours au coté de Erwan, on plaisante et je me dis que mon calvaire va se terminer contrairement à lui malheureusement. La vue de l’arrivée me fait monter les larmes, je pense à tout plein de trucs : à Arno et à Robin entre autre, mais également à l’année prochaine : tri or not tri that is the question … L’arrivée est magnifique, j’adore cette émotion partagée avec les autres finishers: je félicite Sandrine qui a fait une bonne course et semble avoir fait la différence sur les transitions. Les boules pour moi, je suis plus long qu’une nana pour m’habiller :-) »

Bonne récupération à tous et bon courage à Rabia pour sa convalescence qui va te remettre sur pied avec tout plein de jus pour faire Nice « You can ».

Christophe